Financement participatif : levier de croissance de votre association ?
Vous hésitez à vous lancer ? Le monde du crowdfunding associatif vous paraît complexe voire un peu obscur ? Vous avez essayé et avez été un peu déçu·e du résultat ?
Le crowdfunding (ou financement participatif en bon français) permet de financer des projets très divers.
> Projets associatifs.
> Projets entrepreneuriaux.
> Projets culturels.
> Projets immobiliers.
> Projets personnels.
> Projets sportifs.
> Projets sociaux.
C’est quasiment sans fin. En 2020, plus de 75% des projets de crowdfunding en dons mis en ligne ont atteint leur objectif de collecte. Des associations en font une source de revenus importante pour leurs activités.
Adossé à une bonne campagne de communication, leur crowdfunding contribue, aussi, souvent, par ricochet, à accroître leur notoriété. Une pierre, deux coups. C’est appréciable. Et tentant.
Mais alors, comment font-elles ?
Comment réussir vous aussi la campagne de crowdfunding de votre asso ?
Nous allons tout aborder ensemble ici. Point par point. Et, bientôt, vous aussi, vous pourrez lancer votre campagne de financement participatif.
(On compte sur vous pour revenir nous dire comment ça s’est passé).
C’est parti.
C’est quoi le crowdfunding ?
Avant de nous lancer dans le vif du sujet, prenons juste quelques secondes (ce sera super court, promis) pour bien nous redire ce qu’est le crowdfunding.
En anglais « crowd » veut dire « foule » et « funding » « financement ». Le crowdfunding consiste donc à lever de l’argent auprès de la foule.
Nous enfonçons certainement, joyeusement, des portes ouvertes en vous disant cela. Mais, ce dernier mot « foule » va avoir toute son importance par la suite.
Reward Crowdfunding, Crowdlending, Crowdequity, quelles différences ?
Il existe 3 formats de campagne.
Votre 1ère étape consiste à choisir celui qui vous correspond le mieux.
Le reward crowdfunding.
Vous envoyez au donateur, en échange de sa participation à votre campagne de crowdfunding, une contrepartie. Un petit cadeau pour le remercier. Le reward crowdfunding est une déclinaison du crowdfunding.
Le crowdlending.
Comme son nom l’indique, le crowdlending est un prêt. Il peut être remboursé auprès des contributeurs, avec ou sans intérêts.
Le crowdequity.
Il permet d’ouvrir des parts du capital d’une entreprise au grand public. Les personnes investissent et deviennent alors actionnaires de l’entreprise.
Les deux dernières formes concernent moins les assos. Mais comme nous ne connaissons pas précisément vos actions, nous trouvions important de tout aborder. Comme ça, vous avez toutes les cartes en mains.
Le cadre législatif et fiscal.
Abordons rapidement ici ces questions. On pourra ensuite s’intéresser aux « vrais sujets » qui vous intéressent.
Avec la montée en puissance des plateformes de crowdfunding, a été rédigée une ordonnance le 30 mai 2014 pour réguler leurs statuts. Il en existe 2 :
– Conseiller en investissement Participatif (CIP)
pour les plateformes qui commercialisent des actions ou obligations de sociétés non cotées.
– Intermédiaire en Financement Participatif (IFP)
pour celles qui fournissent le service de prêts ou de dons.
Si vous souhaitez proposer des contreparties à vos donateurs (et que vous êtes une asso de droits français ayant la possibilité d’émettre des reçus fiscaux), vous devrez respecter la règle du « 1 pour 4 ».
C’est-à-dire que la valeur de votre contrepartie devra être inférieure à 25% du montant du don. Par exemple, vous recevez un don de 10€ ; la valeur de la contrepartie que vous proposerez ne devra pas excéder 2,5€. Et, (très) important, quel que soit le montant du don (même pharaonique) de votre donateur particulier, la valeur de la contrepartie ne pourra pas excéder 72€.
Concernant les reçus fiscaux, vous avez la possibilité d’en émettre dans le cadre d’une campagne de crowdfunding (toujours, bien sûr, si vous êtes une asso de droits français ayant le droit d’en émettre).
Certaines plateformes de crowdfunding proposent de les émettre automatiquement, pour vous, à chaque don.
Vous pouvez aussi choisir de ne pas émettre de reçus fiscaux en dessous d’un certain montant. Dans ce cas, vous devez impérativement communiquer très clairement cette information sur votre page de collecte. C’est très important.
Quels outils de crowdfunding choisir ?
On entre maintenant dans les parties qu’on adore.
Alors, il existe de nombreuses plateformes de crowdfunding.
Pour identifier la plateforme faite pour vous, 3 aspects principaux sont à prendre en compte.
1. La thématique.
Certaines plateformes sont généralistes d’autres spécialisées par thématiques ou zone géographique.
2. Les frais.
Les plateformes peuvent être gratuites. Ou prélever des frais à chaque don. Frais qui peuvent être fixes et/ou en pourcentage du don.
3. L’engagement.
Est-ce « tout ou rien » ? Ou gardez-vous ce que vous avez collecté ?
Je m’explique.
Sur certaines plateformes si vous atteignez votre objectif financier. « Bravo. La vie est belle ».
En revanche, si vous ne l’atteignez pas, vous ne touchez rien. Ça peut être rude.
D’autres plateformes vous permettent de collecter ce que vous pouvez. Et vous gardez l’argent quoi qu’il advienne.
Voici une petite cartographie des plateformes ici.
À quel moment lancer sa campagne de financement participatif ?
Eh bien si on était vous…
1. On commencerait notre campagne en début de semaine.
L’activité sur le web est a priori plus intense en semaine. Donc vous mettrez toutes les chances de votre côté de recevoir des dons dès le début.
2. On terminerait notre campagne un jeudi ou un vendredi.
Pour les mêmes raisons qui nous motiveraient à commencer en début de semaine. Vous maximiserez ainsi les dons que vous pourrez recevoir.
Quand on sait qu’une campagne de crowdfunding à une forme en « U », on ne veut louper ni le lancement ni la clôture.
3. On éviterait de mener notre campagne à Noël ou au mois d’août.
À fin d’année, on privilégierait une campagne d’appel à dons classiques à la place d’une opération de crowdfunding.
4. On programmerait la campagne sur 30 à 45 jours max.
(à ajuster en fonction de votre objectif de collecte).
La réussite d’une campagne de crowdfunding repose sur sa communication et son animation. Il faut donc tenir la distance. Proposer une communication dynamique et rythmée.
Une campagne de communication de 45 jours c’est déjà un beau challenge, non ?
En plus, si la campagne est trop longue, vos contributeurs risquent de toujours reporter au lendemain.
« Pas d’urgence, j’ai bien le temps ». Et c’est la fin de la campagne et ils ont oublié de donner.
Travailler son projet.
Quand votre campagne de crowdfunding démarre, votre communauté est déjà dans les starting-blocks. Surmotivée à vous donner.
OK. on exagère un peu. Mais pas tant que ça.
Quand votre campagne s’ouvre sur la plateforme de crowdfunding, vous avez déjà abattu un travail immense.
Vous avez…
1. Réalisé un benchmark des projets similaires en « campagne ».
2. Définis très précisément l’action que vous allez financer.
3. Rédigé un argumentaire béton.
– Le contexte.
– Le problème à résoudre.
– La nécessité d’agir maintenant.
– La nécessité d’agir avec la personne qui vous lit.
– La solution que vous proposez pour résoudre le problème.
– L’impact qu’aura votre donateur en donnant.
– L’appel à l’action.
4. Mis au point un plan de communication multicanaux solide.
(communication digitale, relations presse, relais de vos partenaires, etc.). Votre plan de communication intègre bien sûr le suivi « post-campagne » que vous ferez pour informer de l’évolution de l’action financée, remercier, etc.
5. Développé votre communauté.
Vous vous souvenez du mot « foule » plus haut ?
Réseaux sociaux, newsletter, capture d’emails seront de bons alliés.
(Tout miser sur la générosité des personnes qui passeraient par hasard sur la plateforme de crowdfunding serait utopique).
6. Contacté des leaders d’opinion, influenceurs, journalistes.
Bref toute personne qui pourrait se faire le relais de votre message.
7. Segmenté votre communauté en trois cercles.
– Le 1er cercle réunit votre famille et vos amis. C’est eux que vous allez inviter en premier à donner. (Le tout premier donateur de votre campagne sera vous-même. Une collecte à 0€ suscite la méfiance. À éviter.)
– Le 2ème cercle réunit les amis d’amis, votre communauté. Vous les invitez à financer votre projet quand vous avez collecté 20% environ de votre besoin avec votre 1er cercle.
– Le 3ème cercle est le grand public (attiré par la communication média que vous aurez faite).
8. Commencé, depuis plusieurs semaines voire mois, à « chauffer » votre audience autour de votre projet.
9. Défini votre objectif financier.
10. Élaboré votre plan de contreparties
Bien calculer son objectif financier. Quelles contreparties proposer ?
On vous propose de nous arrêter un petit peu ici.
Parlons en 1er de votre objectif financier
Il doit être…
Réaliste.
Atteignable.
Justifiable.
Cohérent.
avec votre communauté et avec la durée de campagne que vous avez définie (et vice versa).
Il doit intégrer les éventuels frais de la plateforme que vous aurez choisie et ceux, toujours éventuels, liés à vos contreparties (notamment les frais d’expédition si besoin). Sans cela, à la fin, vous risquez d’avoir un trou dans votre budget. Ce n’est pas le but.
Pensez à donner des équivalences de dons pour chaque montant de don que vous proposez.
“Pour X€, vous contribuer à [une action précise]”.
Comme ça, vos donateurs visualiseront facilement l’impact de leur don. (Précisez bien que les équivalences de dons sont données à titre d’exemple).
Maintenant, intéressons-nous à vos contreparties.
Selon les plateformes de financement participatif, elles sont obligatoires ou pas.
Elles peuvent être…
1. Symboliques.
1000 mercis et la reconnaissance éternelle de votre asso, c’est déjà une belle contrepartie, non ?
2. Expérientielles.
Aller à la rencontre de vos membres, ça n’a pas de prix.
3. Matérielles.
Prévoyez environ 4 contreparties. Pour 4 niveaux de dons différents. Et les contreparties les plus prestigieuses peuvent être en quantités limitées.
(C’est même conseillé pour jouer sur le fameux « FOMO » (Fear Of Missing Out = Peur de manquer quelque chose) et pousser votre communauté à donner sans attendre (et à donner un montant important.)
Petits bonus. Vous pouvez donner un nom à vos contreparties. Ça les rendra encore plus sympathiques.
Comment présenter le projet crowdfunding de votre association ?
1. Votre titre et, si besoin, votre sous-titre.
Vous ne disposez que de quelques secondes pour attirer l’attention de votre contributeur. Soyez clair et attractif.
2. Votre visuel d’accroche.
Indispensable. Il doit évoquer parfaitement votre projet. Si vous avez une vidéo, c’est encore mieux. 1’ – 1’30’’ max.
3. Votre description projet.
Racontez une histoire dont votre donateur est le héros (s’il donne, bien sûr).
Dans votre contenu, répondez, dès les premières lignes, aux 5W + H (Why, What, Who, Where, When, How, How many).
Certaines plateformes de crowdfunding vous permettront également de présenter :
– Votre utilisation des fonds. (Indispensable sur votre page de campagne, même s’il n’y a pas d’espace dédié).
– Votre équipe.
– Vos partenaires.
– Vos réseaux sociaux.
Et vos partenaires entreprises dans l’histoire ?
Et bien on ne les oublie pas.
Impliquez les dans votre campagne. Ils pourront se faire le relais de toute votre campagne de don. Ils vous aideront ainsi à la faire connaître.
Et… Leurs clients et leurs salariés deviendront des donateurs potentiels pour vous. C’est tout « bénef ».
Ne vous arrêtez pas en si bon chemin.
Proposez-leur d’abonder des sommes collectées. Ainsi, les dons reçus sont « doublés » grâce à vos partenaires.
Vous leur faites une superbe place dans votre communication et le tour est joué.
Si vos partenaires veulent avoir un peu de visibilité sur les sommes en jeu dans le cadre de l’abondement ; vous pouvez bien sûr définir avec eux un plafond au-delà duquel l’abondement prend fin.
Par exemple, ils abondent jusqu’à ce que la somme qu’ils doivent vous verser atteint 10.000€. (Bien sûr, vous formaliser cela dans une convention, hein.)
Que se passe-t-il si vous dépassez votre objectif de financement ?
Eh bien, avant tout, bravo ! Vous avez orchestré votre campagne de financement participatif d’une main de maître.
Comme vous saviez que vous alliez briller, vous avez anticipé et préparé un ou des palier(s) de financement au-dessus de votre objectif initial.
Paliers supérieurs que vous pouvez justifier par une amélioration du projet initial, une extension du projet initial, etc.
Ça y est. Votre campagne est terminée. Vous avez accompli un superbe boulot. Bravo.
Remercier vos donateurs. (Encore et toujours, on ne dit jamais assez merci.)
Et tenez-les informés de l’avancée de votre projet.